Georges St-Pierre, Artiste peintre - Conteur de monde Georges St-Pierre, Artiste peintre - Conteur de monde
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voir des peinture de jean dallaire
Jaimerait voir des image(peinture)de jean dallaire car ils sont belle!
Brigitte vendredi 23 mai 2003

valeur marchande
Les peintures de Saint-Pierre ont-elles une grande valeur marchande? Où pourrais-je obtenir des informations à ce sujet?
Merci!
Vivianne Robitaille
v. robitaille mardi 13 mai 2003

l'essentiel St-Pierre
formidable.

serge gagné mardi 25 mars 2003

Peintre C. Carette
Je cherche des renseignement sur l'oeuvre et la vie du peintre Carette...pourriez-vous me guider dans ma démarche.

Merci S.Dubé
Dubé Stéphan lundi 10 février 2003

Clin d'oeil.
Merci à M.Gagnon pour son addition. St-Pierre est un homme que j'aurais bien aimé connaître... Pour que des proches et amis aient fait un site web sur lui et son oeuvre, c'est qu'il devait être un homme de bien, du coeur jusqu'à l'écorce. "Je peux sourire et cela m'aide à pleurer, et quand je pleure, je ris", écrit-il. Quand un poète nous quitte, il fait toujours un peu plus froid... Je suis d'une autre époque et d'un autre lieu. Il m'avait donc échappé, mais je l'ai rattrapé ici, un peu. Merci. Au fait, au premier coup d'oeil, j'ai beaucoup apprécié ses toiles. C'est ma douce qui m'a demandé de fouiner sur le web, via google, pour voir s'il existait un "peintre St-Pierre". Finalement, la Madame, a va êt'contente... Un va gars bon du net.
Un va gars bon du net. samedi 11 janvier 2003

Vous présenter Georges St-Pierre
Négligé et boudé par les uns, adulé par les autres, il n'est jamais indifférent pour celui qui rencontre une de ses oeuvres. Sans vouloir le réhabiliter, je veux vous livrer les idées qui m'animent sur ce grand peintre qui croulait sous le poids de l'oubli.

Vous présenter Georges St-Pierre m'apparaît une tâche considérable par le fait qu'il incarna ce que l'on imagine être le prototype de l'artiste. Ce résumé, incomplet, ne représente que l'aspect humain du peintre à l'œuvre. Ce n'est pas un écrit exhaustif de la qualité de son œuvre. L'œuvre colossale de ce peintre est exceptionnelle, lui qui n'a pas craint de toucher tous les étages de notre société culturelle québécoise .

Cabotin, ivrogne à ses heures, vagabond, imaginatif, sensible, visionnaire, chercheur attentif, influençable, penseur, intelligent, doué du sens de l'observation, habile dessinateur, créateur prolifique, Georges était un pôle d'attraction. À lui seul il constituait tout un monde. Il réunissait autour de lui des auditeurs et des disciples de tout genre qu'il aimait haranguer la soirée durant.

Si je dis cabotin, c'est qu'il était astucieux et aimait rire de l'un ou de l'autre de ses auditeurs. À l'occasion il s'instituait en critique acerbe de notre société. IL émettait théorie sur théorie, écorchait au passage et savait culpabiliser ceux qui osaient penser autrement. Je me souviens qu'il avait descendu habilement le curé qui avait osé déclarer du haut de sa chaire que Georges entretenait la maison du péché. Georges ne répliqua point de front, mais il déclara à ses commettants qu'il ne connaissait pas le péché et qu'il était heureux d'apprendre qu'il y avait des pervers parmi les amis qui le fréquentaient. Par conséquent, il avertit qu'il serait vigilant et circonspect dans ses invitations.

Ivrogne ? On a dit de lui qu'il buvait et qu'il était un pilier de taverne. Lorsque je l'ai fréquenté assidûment, il ne pouvait plus boire, mais il sirotait allègrement une bière qui durait, parfois, une journée entière. Vigneault avait dit de lui que les nouvelles étaient bonnes puisque Georges était à l'ouvrage. Les grandes journée passées à la taverne ne l'empêchait pas de produire en continuité et en régularité. Les observations qu'il mémorisait lui ont largement servi à créer les personnages, les scènes de tavernes et de rue qui ont été longtemps le centre de sa vie.

Vagabond?… il le fut pour avoir passé d'une adresse à l'autre jusqu'à ce que je finisse par l'installer à Grondines. À cette occasion, il m'a composé le plus beau conte de Noël que je connaisse. À Québec, il était considéré comme le point central du vieux Québec. L'image de misérable, qu'il donnait, amplifiait cette idée d'errance et de désœuvrement. Pourtant, il n'en était rien; ce délabrement était le fruit de sa vie de bohème qui découlait de sa pauvreté économique. Les quelques œuvres, qu'il vendait, suffisaient à peine pour sa survie. Le peu de bières qu'il buvait provenaient des amis qu'il se faisait dans le milieu.

Imaginatif, il l'était en ce sens qu'il trouvait les bonnes raisons de peindre selon ses théories. Sa philosophie de la peinture lui dictait les règles à suivre pour exécuter une œuvre d'art. Sans artifice et sans fausse honte il arrivait à composer ses harmonies de couleur uniques à lui-même. Ses fantaisies d"utiliser les teintes qui sortaient directement du tube, ne l'empêchait pas d'arriver à donner une cohésion parfaite à son oeuvre. Ses tentatives de débuter par une de ces couleurs blafardes comme un jaune mi-moutarde et mi-citron lui donnait l'occasion de composer de façon spectaculaire le visage du personnage qu'il voulait présenter. Je me rappelle de m'être fait rabrouer par une de ses remarques cinglantes suite à ma conviction de l'impossibilité d'avoir utilisé une couleur injustement. L'artiste n'a-t-il pas droit à la liberté d'user le matériau qu'il juge à propos? Il n'avait pas l'ambition de créer des couleurs de compromis pour attirer l'œil inquiet ou conservateur. La douleur et la misère qu'il exprimait allaient jusqu'à la révolte par l'utilisation de choc ou de contraste dans ses harmonies ou par le ton de la couleur elle-même.

Il était aussi très sensible. Sous une mine rébarbative engendrée par la pauvreté et la révolte, il imprégnait à son œuvre, selon ses étapes, la sensation qu'il vivait. Sa couleur était significative de la vie qui l'accablait. La réussite des peintres qui l'entouraient ne le laissait pas indifférent; il reprochait à certains de faire de la belle petite peinture pour la vente. Il savait pertinemment qu'il ne pouvait pas vendre aisément sa production; il le signifiait dans certains tableaux. Il allait jusqu'à invectiver par des mots obscènes les acheteurs potentiels qui refuseraient l'achat de la toile. La forme de ses nuages était le symbole de ces révoltes.

Ce peintre doit sa qualité de visionnaire à l'attachement qu'il nourrissait pour sa culture nationale. À plusieurs reprises il puisait dans l'histoire de son peuple pour raviver des souvenirs qu'il jugeait opportuns. Il voyait comme un devoir de rappeler à tous les faits du passé. Bien qu'il ait interprété quelques légendes au début de sa carrière, ce n'est que vers la fin de sa vie qu'il se consacra particulièrement à la légende. Sans en avoir fait le dénombrement, j'estime qu'il en aurait interprété une cinquantaine. Il aurait, à ma connaissance, fait trois versions de la Chasse-Galerie. Il est le seul peintre qui s'est employé à nous faire connaître autant de légendes tant québécoises, issues de France, qu'indiennes.

Toujours à la recherche d'un sujet intéressant pour mettre à l'épreuve son talent, il touchait les sujets les plus divers. Ses dessins érotiques qui auraient pu rivaliser avec ceux de Picasso, ses nus d'une simplicité à fendre l'âme par leur aspect étrange, ses personnages à l'allure authentique avec une pointe de sa propre mine, ses animaux fort sympathiques et d'une prenante supplication en face du chasseur, ses maisons lézardés d'une beauté désirable, ses légendes d'une explication représentative, ses objets les plus divers et très détaillés font foi d'un chercheur qui tend à la perfection. Cette perfection n'est pas à la remorque de personne, elle est personnelle à lui-même et sa recherche est concentrée sur son propre cheminement. S'il poursuit l'idéal, ce n'est pas en compétition avec d'autres théories ou philosophies. Dans son Testament, il y a cette idée d'avant St-Pierre et d'après St-Pierre. Dans cette œuvre de 4 mètres de long par 1.50 mètre de haut, il n'y a pas de place pour autre que lui-même et sa famille, Marie-Émilie et Louise, son chat et les personnages qu'il a créés, qui seront ceux qui répandront sa gloire. Son narcissisme porté au maximum dans cette toile exceptionnelle nous démontre, sans l'ombre d'un doute, qu'il se suffisait à lui-même.

S'il était influençable ce n'est pas dans sa technique de peindre, qui était immuable, mais il était éperonné par ce qui se passait sous ses yeux ou par ce qui bouillonnait autour de lui. Il n'avait aucun plan ou scénario d'expression tracé au préalable. Toutefois, avant d'entreprendre une œuvre importante, il était comme tous les grands peintres, il faisait des études détaillées sur divers points. Ses études sont d'une vision ravissante eu égard à l'œuvre.

S'il fut un penseur dit intelligent c'est que la réalisation de son œuvre n'est pas le fruit du hasard. Il avait commencé à suivre des cours à l'école des Beaux-Arts de Québec. Il les abandonna rapidement et se mit à l'étude de lui-même pour finir par se rendre compte qu'il devait tendre à la plus grande simplicité par le dépouillement de l'inutile et accentuer le point important qu'il déterminerait. D'une certaine manière, il était révolté contre ceux qui pouvaient lui enseigner comment peindre. Sans l'avoir formulé, il était à l'image de Dallaire qui prétendait avoir montré à Lemieux à peindre. Ce qui intéresse le lecteur comme l'admirateur, ce n'est pas de nous décrire ce que nous voyons, mais de nous donner une version personnelle d'une conception différente, la sienne.

Pour être doué du sens de l'observation, il le possédait à un très haut degré. Instantanément il saisissait le geste, le drame, le mouvement, le ridicule, la beauté de l'instant et le rendait à vous renverser. Je possède plusieurs œuvres qui prouvent ce don qu'il possédait de saisir le trait qui donnait comme une description de ce qu'il avait vu. M'ayant observé et conçu comme le Démon ou l'Ange de Perdition, il utilisait mes traits pour rendre le personnage. Une autre fois, il avait peint mon allure courroucée lors d'un téléphone que je faisais en sa présence. Une autre fois, il avait écrit un billet à la personne qui surveillait son atelier la priant de me remettre deux peintures qui étaient là. Or comme il réalisa que cette personne ne me connaissait pas, sans me regarder, il me dessina en quelques traits pour que la personne me reconnaisse. Dans le dessin de la lithographie du diable qui est la perdition de tous, il avait, sans ma présence, usé de mes traits pour dessiner le personnage du diable. Ce sens de l'observation lui permettait de parfaire le portrait d'une personne ou d'un objet en un tour de main de quelques secondes sans hésitation. Il ne revenait pas sur une ligne pour l'améliorer, elle s'imprimait d'une seule poussée comme l'émission de la voix. J'étais toujours émerveillé de le voir peindre et de constater jusqu'à quel point sa main était reliée à son cerveau.

Il est évident qu'il fallait qu'il soit habile dessinateur pour donner à sa pensée la forme visuelle de sa perception des êtres et des choses. Il aurait pu être un portraitiste de grande valeur tout comme un grand peintre paysagiste. Les quelques rares paysages qu'il a faits en démontrent la capacité. Il s'agit de voir et d'examiner ses dessins pour se rendre compte de la sa très grande versatilité dans le travail d'études qu'il faisait en vue d'attaquer un sujet important pour lui. Il savait reconnaître le trait dominant du caractère qu'il voulait donner à l'œuvre. Pour dire comme Arthur Villeneuve, "il n'était pas comme Léonard de Vinci qui copiait ton portrait", il créait une expression personnelle. Les plus habiles dessinateurs ont toujours l'avantage de modifier la nature à leur vision personnelle selon l'idée qu'ils veulent rendre. C'est ainsi que sont les caricaturistes dont St-Pierre aurait pu faire partie à un degré de haute performance.

En effet, il était un créateur prolifique. Je ne serais pas étonné qu'il ait réalisé une dizaine de milliers de peintures et autant de dessins. Pour ma part, j'ai réussi à sauvegarder des centaines de dessins. Ce qui est étonnant, sa réputation de buveur et de fainéant est fausse. Il travaillait sans cesse. S'il buvait par désespoir, cela ne l'empêchait pas de travailler. Il pouvait en une heure faire ce qu'un bon peintre n'aurait pas pu exécuter en un an de travail. Lorsque j'ai commencé à le fréquenter régulièrement et à acheter la majeure partie de sa production, j'étais toujours étonné de l'abondance des œuvres qui étaient disponibles pour la vente. Si j'avais eu les moyens financiers, j'aurais tout acheté sans condition tellement j'étais sidéré par son pouvoir créatif et d'interprète des sujets qu'il désirait inscrire à demeure sur la toile ou le papier.

Souvent qualifié comme peintre de nos us et coutumes par les journalistes qui visionnaient ses expositions, il aimait à donner ce qu'il voyait comme étant l'âme de nos ancêtres. Le passé était pour lui une source importante d'inspiration. L'Histoire représentait un immense réservoir où il pouvait puiser à volonté. Il n'avait que très peu d'intérêt et de désir à donner une analyse de son environnement. Hormis les personnages qui le fascinaient et qui l'aiguillonnaient, il travaillait très rarement d'après nature comme la majorité d'amateurs le prétendent. Il était un peintre d'atelier. Sur le coin de sa table où il était habituellement assis, il dessinait sans cesse en vue d'une exécution ultérieure. Tout papier qui donnait le moindre espace blanc était empreint de sa marque. Ses calculs comme ses idées soudaines y figuraient. Malgré toutes les frasques que la société puritaine lui reprochait, il fut un infatigable travailleur qui a produit une énorme quantité d'œuvres les plus diverses. Toutefois, il me semble raisonnable de considérer que les légendes sont le point culminant de sa vie, eu égard à l'importance de notre Histoire et de notre culture. Le soin d'établir l'importance elle-même de la légende dans l'historique de notre vie québécoise n'est pas de mon ressort et j'aimerais la confier à Jacques Lacoursière spécialiste de notre Histoire. Quant à la légende elle-même, je voudrais la confier à M. Aurélien Boivin, spécialiste de la littérature québécoise, qui a obtenu son doctorat en élaborant sur la légende.

Vu l'importance de l'œuvre de Georges St-Pierre, je me propose de travailler à la mise sur pieds d'un musée qui lui serait spécialement consacré.

Ce musée pourrait porter le nom de: Musée Georges St-Pierre et avoir comme sous-titre Le Musée de la légende.

En fait, Georges a été considéré lui-même comme une légende dans la ville de Québec et ses environs. Comme Riopelle, il a fréquenté pendant des années l'Île aux Grues. Il y travaillait régulièrement. La période extraordinaire de ses oies blanches a été prolifique et exceptionnelle. J'ai vu passer des tableaux d'une rare valeur de cette période. J'ai cédé le grand nombre de ces pièces à ma clientèle avec la conviction que je permettais de constater le génie du créateur. Lorsqu'il s'établit définitivement à Grondines à titre de propriétaire, il fit plusieurs expositions à succès. Mais un gourou, qui lui fit grand bien, réussit à lui faire perdre tous ses biens. Il mourut dans l'indigence la plus parfaite. Même malade et mourant, il ne cessa point de peindre et de donner au Québec toutes les raisons d'être fier de ses traditions et de celui qui les a chantées à haute voix, par la chaleur de ses couleurs.

Jean-Louis Gagnon.
Jean-Louis Gagnon vendredi 8 novembre 2002

ce qui est important dans la peinture c` est de reproduire l` instant.
monique savard mercredi 23 octobre 2002

St.Pierre,un sage,un paysan a ses pinceaux comme toute personne de la terre qui se lève chaque matin,regarde le soleil et se met au travail.Georges,je suis heureux de t'avoir connu,ta sensibilité immense comme les légendes restera parmis nous pour toujours,c'est ce tu souhaitais le plus au monde.Tu as été un homme digne et intéressé par tout ce qui nous concerne sur cette planète.Je t'ai croisé pour la première fois à l'île d'Orléans avec le Capitaine et on s'est retrouvé à Grondines où tu as terminé ton voyage.Une grande chaleur resplendissait de ton être,un feu intérieur,une passion intense que les artistes ont pour toujours.
Grégoire Ferland jeudi 8 août 2002

Honneur aux pionniers et à ses maîtres !
Je suis très heureux de découvrir par le biais des petites annonces du site www.peinturequebec.com le fait qu'un site Internet soit consacré à Georges Saint-Pierre ( www.georgesstpierre.com ).

Ce site est notre mémoire collective du temps des pionniers qui ne sont pas seulement les Marc-Aurèle, Riopelle et autres Borduas.

Déjà du vivant d'un artiste, surtout quand il œuvre en dehors du centre de notre petit monde, j'ai nommé Montréal, il n'est pas aisé de se tailler une place dans la vie de notre Cité, je parle de la société québécoise, du Québec. Mort, même après avoir, à l'arraché, conquis quelques petits territoires, l'artiste québécois tombe très vite dans l'oubli, dans le grand vide de la mémoire, cette faculté qui oublie. Si notre devise " Je me souviens " met en vedette la vivacité de notre mémoire elle souligne aussi sa phénoménale faculté d'oublier.

Je pense à Denys Morisset, un contemporain de Georges Saint-Pierre.

J'ai bien connu Denys, très peu M. Saint-Pierre. Du peu, c'est dans la mouvance du Chantauteuil que je l'ai vu, de loin. Le jeune loup que j'étais n'échappait pas à son regard de vieux loup. Regard inquisiteur ou indifférent sauf le temps d'un sourire éclair dans ses yeux. J'ai appris, par lui aussi, qu'il fallait faire sa vie, soi-même, qu'il n'avait rien à attendre de ses pairs, de ses pères. Ni encouragement, ni reconnaissance, seulement peut-être un clin d'œil. Chacun avait sa vie à vivre et ce n'était pas plus mal. On en a déjà bien assez de la sienne sans se mettre sur le dos celle des autres. Ce n'est pas de l'attention de ses pairs dont un artiste à besoin, c'est de celle d'un agent, d'un galeriste, de quelqu'un qui aimera son travail et qui a l'expertise, les moyens de diffuser son travail, de le vendre et d'assurer son salaire et payer ses dépenses pour produire. Saint-Pierre m'appris cela en ne me parlant pas.

Le temps d'un clin d'œil c'était bien assez de temps pour que la connivence passe si elle avait à passer par là. Comme s'il savait, pressentait, utilisait, par quelqu'inconnu support, la haute vitesse et ses possibilités inouïes dont le commun ne soupçonnait encore pas à l'époque ne serait-ce que l'existence mais qu'il commence à connaître et qui peut en quelques millièmes de seconde transmettre toute la connaissance contenue dans la bibliothèque du Louvre à un correspondant pareillement équipé. Un peintre sait cela depuis Lascaux, il savait cela lui aussi.

Saint-Pierre pour moi, c'est aussi le souvenir de Herbert T. Schwarz, qui adorait son œuvre. Feu M. Schwarz connaissait aussi d'autres passionnés de son travail. Je pense aussi à Claude Fleury, peintre et graphiste, à sa compagne de l'époque, Suzanne Benoit, ma cousine.

En disant son nom, je me rappelle un scandale au Chantauteuil, un de ces soirs d'agitation fébrile, Suzanne avait giflé quelqu'un. Cela avait un rapport avec son ami Georges. Je ne me souviens plus. Je pense, tente de me rappeler. N'y parviens. J'ai une mémoire d'éléphant, j'ai une éléphantesque faculté d'oublier… Cela avait peut-être un rapport avec la mort imminente du maître, une bêtise cynique imprudemment lancée à la tout va, du genre qu'il était temps d'acquérir maintenant du Saint-Pierre pour pas cher, un litre de vin, encore mieux de l'avoir fait pour trois sous bien avant, qu'il suffisait d'attendre un peu pour avoir fait un excellent placement, mort, et c'était pour bientôt, sa cote remontrait et par ici la monnaie.

D'après moi cela ne méritait pas une gifle, tout simplement un grand rire.

Celui qu'on réserve aux niais qui s'en vont galopant droit sur un mur, comme celui qui voulait rentrer dans la police. Quand on connaît le marché de l'art du Québec il est facile de voir qu'aucune cote n'est remontée après le décès d'un artiste, ou si rarement et encore, si ponctuellement. Comme s'il fallait faire mentir cet adage idiot qui veut que les artistes de leur vivant ne puissent connaître que la survie et non la vie et que ce qui ne peut leur être accordé de leur vivant, peut tant l'être à la valeur de leur œuvre après leur mort. Bien sûr cela est faux. Sauf peut-être à l'exception de Marc-Aurèle Fortin, et encore… Jean-Paul Lemieux, René Richard, Riopelle, et j'en passe n'ont pas de là-haut vu monter en flèche leur cote après leur départ. Comment pouvait-il en être autrement de Saint-Pierre ? Qu'il était idiot celui-là pour le croire !

Non, cela est un mythe, comme celui qu'il faille passer par la pauvreté, le manque, l'indigence pour produire un œuvre digne de ce nom. Le mythe d'une société malade, ignorante, colonisée, périphérique.

Même Van Gogh, l'archétype de l'artiste méconnu, indigent, n'a jamais manqué de rien. Son frère payait la facture. Van Gogh a vécu la vie qu'il a voulu. Pris un coup, fait la fête, donné le coup de poing, provoqué dans les bars d'incommensurables saccages. Le lendemain, Théo passait payer les tenanciers pour les dégâts, les consommations et la caution s'il était en prison. Pour se renflouer, le pauvre Théo a souvent tenté de vendre les toiles de son frère qui a toujours saboté les ventes, insulté et injurié les acheteurs, refusé de livrer, etc., normal, Théo payait, de toutes les façons...

Est-ce le cas de Saint-Pierre, je ne crois ? Saint-Pierre ne demandait pas mieux que de vendre, et s'il était aidé par une garde rapprochée, il n'avait pas de frère pour ramasser les pots cassés. Il ne demandait pas mieux que de vendre et à un prix décent, pour payer l'atelier, ses aliments et ceux de ses enfants, il semble me souvenir qu'il en avait…, peu importe, pour s'acheter des couleurs, de la toile, pour sa bouteille. Il a réussi peut-être, je ne sais, mais si peu. Le drame c'est qu'on ne saura jamais ce qu'il aurait pu produire s'il avait eu les moyens de ses moyens… Mais qu'est-ce que l'on en a à foutre et qu'est-ce qu'on ne ferait ? À voir ce qu'on en fait…

Et, je lui en veux à Saint-Pierre. Sa " carrière ", misérable, si peu à la mesure de son potentiel, je ne parle pas de son œuvre, m'a fait le croire incompétent, m'a fait me croire plus brillant, péril obligé de la jeunesse. M'a fait croire que les temps avaient changé et que l'on pouvait faire mieux. Il faut dire que c'était l'époque du " Début d'un temps nouveau ". Son exemple, sa petite réussite m'a fait croire à ma possible plus grande mienne. Comme ma petite mienne encourage ceux et celles qui me suivent à se croire plus fins que moi, plus habiles, plus rusés, plus...

Le spectacle beau de l'artiste à l'œuvre, même quand il ne fait rien, boit un café ou prend un coup, même misérable, est une porte ouverte de trop. Quand donc cessera-t-on le massacre ? Il faut décourager la carrière ou réussir à développer ici un marché de l'art digne de ce nom. Je fais les deux. Non pas ! Je ne peux à moi seul faire les deux. Je décourage, point. Et, je tente de lancer cet appel à cette indispensable grande corvée. Pour ne serait-ce qu'honorer les pionniers comme Saint-Pierre. Qui dit corvée dit tout un chacun, en attendant…

Tant et aussi longtemps que la société québécoise s'abstiendra de décréter la levée de la première pelletée de cet improbable chantier collectif du rattrapage à faire en ce qui concerne les arts visuels d'ici, il faudra décourager le talent, la carrière, encourager l'expatriation quand il en est temps. Même si les jeunes loups refusent de le croire cela aura été dit. Une personne avertie en vaut deux. Je n'ai pas été averti…

Je lui en veux un peu à Saint-Pierre de ne m'avoir pas prévenu. Grâce à son abstinence, je ne vaux qu'un et ce n'est pas assez pour valoir ici quelque chose qui permette de vivre décemment du produit de la vente de ses œuvres… Mais il y croyait peut-être lui aussi… à ce qu'il est un devancier qui sème ce que ceux qui le suivent récoltent

Reste la mémoire des anciens, des pionniers, des maîtres… qu'il faut honorer, la moindre des choses… Mémoriser les tenants et les aboutissants de l'époque du mépris qui n'a pas eu qu'un temps malgré ce que l'on en disait. Cette époque du temps qui prend tout son temps y compris encore le nôtre…

Un site Internet c'est déjà ça, la mémoire de ça...

Bravo aux concepteurs et je suppose bénévoles financiers de notre oublieuse mémoire collective… à laquelle j'ajoute ma modeste contribution en espérant susciter le complément de ce qui n'a été ici qu'ébauché.

Si l'art ici n'a pas de place, la vie de ceux qui y ont fait coulé le sang de leur veine pourrait au moins faire une belle histoire… à écrire, à raconter… tout le reste n'est que littérature. Vive la littérature ! même s'il n'y a pas de restes ou pour si peu de temps, celui que prendra, ceux qui peuvent en témoigner, pour mourir et avec eux ce qu'il n'ont pas dit de ce qu'ils se souviennent.

Luc Archambault, peintre sculpteur et céramiste.

1954 -

Québec, 2002 05 13

www.Luc-Archambault.qc.ca
Luc Archambault lundi 13 mai 2002

Un tableau...de lui
Monsieur,
Je possède une oeuvre de St-Pierre. Je désire la faire évaluer et authentifier.
Suite à cette démarche, je prendrais décision à son avenir.
La toile se nomme: L'Estudiant et évidemment il n'y a pas de date de sa conception!
Si,... il est en votre pouvoir de m'aider à ce sujet, je vous en remercie tout à l'avance.

Soyez assurer, Monsieur, de mes bons sentiments et de mon honnêteté !

Bien à vous, il va de soi... Madame Francine Lessard
Francine Lessard jeudi 9 mai 2002

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